Strike Posted March 30, 2022 Report Share Posted March 30, 2022 Lorsque j'ai prévenu One Shot qu'on aurait un gars qui serait pas sur zone avant minuit, il m'avait répondu : "ah mais vous venez quand vous voulez hein. La guerre aura déjà commencé." Ca donnait le ton : on allait pas être dans une dominicale avec briefing et une heure d'équipement. Le stress au ventre, nous partons de Nice avec le matos dans les coffres. On sait que ce sera une partie MILSIM, donc bien plus sérieuse que d'habitude, mais hey, on a signé pour ça ! En fait, lorsque Blood et moi avons créé la team, en janvier de cette année 2008, c'est exactement dans cet objectif que nous l'avons fait. On s'est entrainé dans cet optique, on a le moral level stratosphère, rien ne nous fera craquer. Nous sommes donc prêts à en découdre ! Quant à One Shot et ses sbires, on sait que pour la plupart ce sont d'anciens pros, donc la partie s'annonce mémorable. Gas est déjà dans la Punto ; nous récupérons Mr Bungle qui finissait tard cette journée de travail, et nous fonçons sur les chapeaux de roue vers le Col de Braus. Il fait déjà nuit lorsque nous arrivons sur le dernier Km qui nous sépare de notre point de parking : cette fois, il ne s'agira pas de taper la discute pendant 20 minutes mais bien de s'équiper en moins de deux et de faire un run vers notre camp, situé dans le grand talweg du col de Braus. A 100m du col, un peu surpris, nous arrivons sur une colonne de véhicules : jeeps, 4x4 et fourgons sont alignés sur le bas-côtés, phares éclairant une dizaine de brutes aux visages burinés : la moyenne d'âge est de 40 ans, on a l'impression de passer devant des chiens de guerre. On ralentit au cas où One Shot souhaite nous dire bonsoir... mais vu les gueules, on se ravise : clairement, "la guerre a déjà commencé". Les mecs plantent leurs yeux sur nous jusqu'à ce qu'on les ai dépassé ; on serre les fesses espérant qu'ils ne nous interceptent pas... on se rend compte qu'on a sous-estimé le dispositif. On passe, on laisse les phares derrière nous et on est soulagé : on est pas passé loin de la correctionnelle. Dernier virage, on stoppe devant un immense talus au pied duquel sont garés d'autres véhicules. On sort, on ouvre le coffre, on s'équipe. Je me dis qu'il faudrait poster un ou deux gars sur le talus en protection. Mais on est 4, et je me dis qu'on est pas là pour traîner, au plus vite on est prêts au plus vite on dégage. Mauvaise pioche. Des bruits de moteurs, des phares nous éclairent, et on a 10 bonshommes en arme qui nous braquent : "Bonsoir messieurs-dames !!" On a pas encore nos flingues hors des housses, on est a peine en treillis, On a même pas mis nos chest rig. "Alignez moi ça contre le mur !" On fait 10 pas et on est face au mur, dans la lumière des phares, avec la buée s'échappant de nos bouches pour nous rappeler qu'on est en octobre à 1000 m d'altitude et que putain, ça caille. On nous prend en photo l'un a près l'autre. J'entend la voix de Stéphane à chaque flash : "Bandit. Bandit. Bandit. Bandit." Si on est pas identifié comme une menace, on est archivé comme des mecs pas nets. Je ne jette même pas de coup d'œil à mes équipiers. J'ai trop honte d'avoir merdé à ce point notre insertion. Je regarde nos ombres qui se découpent sur le mur décrépi devant moi : je réalise que c'est le dernier truc que je verrai avant de mourir. Je réalise que c'est foutu, aucune raison qu'on nous laisse poursuivre l'aventure, ils vont nous fumer ici et maintenant parce qu'on s'est fait avoir sur une putain de négligence de débutant. Une voix me coupe dans mes jérémiades : "Okay, les gars on se casse." Les moteurs vrombissent, les phares se détournent, et en un instant on se retrouve seuls dans sous les étoiles. Pourquoi on a été épargnés ? aucune idée. Peut être qu'on ne leur a pas semblé menaçants, peut être qu'ils n'ont pas fouillé notre coffre, peut-être qu'une autre urgence les aura mobilisé ailleurs... On ne saura jamais. Mais je peux vous garantir qu'on n'a jamais fait un gear-up aussi rapide de toute l'histoire du Sqvad !!! Le temps d'un souffle on avait fermé le coffre, le temps de se retourner on avait disparu dans les bois. il est 1h30. Nous descendons vers le lieu indiqué sur la carte. 5 à 10 minutes plus tard, nous voyons la lueur d'un feu : mais bordel qui allume un feu alors qu'on doit garder en sécurité un missile MILAN ? On fait jonction avec le groupe sur place et effectivement les gars ont plus envie de se tenir au chaud que de garantir une réelle discrétion. Il faut reconnaître qu'on est relativement à découvert et qu'on peut difficilement être attaqué par surprise. Nous sommes sur un terrain irrégulier d'un hectare, avec, en son centre une petit masure semi-enterrée dans laquelle nos alliés ont plaqué le missile. Ils ont piégé les entrées, rendant l'accès… compliqué. Au sud, notre plateau donne sur une falaise qui s'ouvre devant nous, au nord, une abrupte colline densément boisée nous surplombe. A l'est, on voit passer la route d'accès, et à l'ouest une petite colline borde notre zone. Nous décidons de laisser nos hôtes à leur feu, et nous prenons position sur une masse rocheuse claire et mouchetée de lichen. Equipés d'un camo désert 3 tons, nous nous fondons tels des lézards dans ce décor. De denses nuages masquent la lune et la nuit tombe pour de bon. Le froid nous envahi. Nous restons aux aguets. Un bruit de fusée se fait entendre : le tir vient de la route, et la fusée éclairante redescend doucement vers nous... C'est le branle-bas de combat ! ILS NOUS ATTAQUENT !!! On quitte nos positions pour rejoindre l'agitation autour du camp allié, tout le monde se met en position défensive, quelques rafales sont même lâchées vers un ennemi invisible qui ne réplique pas ; visiblement, nos adversaires ne sont pas au contact. Nous reprenons notre position à une centaine de mètres au Nord, on couvre le secteur nord / nord-est, mais on est prêts à intervenir sur le camp en cas de grabuge. Nos camarades sont sous haute tension, on pourra compter sur eux pour surveiller les autres secteurs avec efficacité. Nous reprenons notre observation vers la lisière, et c'est parti pour une longue nuit d'attente. Le froid nous tombe dessus. J'essaie d'imaginer la stratégie ennemie, dont on ne sait rien. Ni le nombre, ni l'équipement, ni les capacités. Vont-ils attendre le lever du jour ? Vont-ils sortir brutalement de la forêt en hurlant, ou progresser avec précautions jusqu'à nous pour nous surprendre au cœur de la nuit ? Cette dernière option me semble plus efficace. C'est certain, ils vont avancer jusqu'à nous en rampant, à l'abri de la nuit, puis sortir de leur trous à l'aube, lorsque nous aurons perdu toute capacité de réaction. Car le sommeil nous saisit et garder l'œil ouvert est de plus en plus difficile. On a pas du tout pensé à mettre en place un roulement, on a tous veillé jusqu'à maintenant. Il est 2:00 et on est tous cramé. A 3:00, toujours rien. Nos camarades ne font plus un bruit, certains sont couchés et nous avons la crainte d'être le seul rempart entre le missile que nous devons défendre et nos ennemis. Aveuglés par une nuit désespérément noire et silencieuse, saisi par des températures de plus en plus basses, nous perdons en lucidité, au fur et à mesure que nous sombrons dans un sommeil dangereux. Je contrôle mon thermomètre : on est à zéro degré. Une petite plume se pose sur mon bras, puis une autre : il neige. J'enfile mon poncho : en quelques minutes, nous sommes recouverts d'une fine couche de neige qui nous fond définitivement dans le paysage. Mes yeux fouillent désespérément le grand découvert qui nous sépare de la lisière : je ne perçois que des taches vagues taches sur un sol désolé. Rochers, buissons, ou ennemis en train de ramper... j'hésite. Pas longtemps. Mais oui ! c'est exactement ça : nos adversaires sont en train d'approcher, centimètre par centimètre, profitant de chaque seconde d'inattention pour réduire la distance qui nous sépare. Mais eux ne savent pas que nous sommes postés : si nous attendons sans bouger, lorsqu'ils apparaitrons assez proches nous pourrons faire feu sur eux. Alors c'est un jeu de patience qui se met en place : on ne bouge plus jusqu'à ce qu'ils se montrent. Le jour se lève. Je ne sais plus quelle heure il est, je ne sais plus si je dors ou si je suis eveillé, mais je suis prêt. Ils n'ont pas attaqué cette nuit, ils vont le faire ce matin. Chaque minute qui passe nous rapproche de l'assaut, et la tension est à son maximum. Une silhouette. Puis deux. Je cligne des yeux, j'observe le découvert : il est vide. Aucun ennemi n'est allongé entre les rochers ; aucun adversaire ne s'est approché durant la nuit. Les silhouettes se détachent progressivement de la lisière, sans prendre de précaution particulière. Ils sont 3, peut etre plus. l'un deux porte un gilet orange fluo. Bizarre comme camouflage... puis soudain c'est l'évidence : ce ne sont pas des joueurs, mais des chasseurs. Pourtant, la chasse est fermée. on se lève, on se rapproche d'eux : après une breve discussion, ce sont bien des chasseurs. On n'évoque pas la date de fermeture de la chasse, on est pas là pour s'embrouiller. On plie les gaules, on rejoint les copains en contrebas de notre position. La déception est immense. Après une nuit d'attente interminable, nous n'aurons pas droit à cette attaque apocalyptique, crainte puis espérée. Nous plions le camp, on récupère le missile, et on rejoint Stéphane sur la route du col de Braus. Il s'agissait de braconniers, qui venaient tirer quelques bêtes en dehors des clous. Ce faisant, ils ont mis par terre notre belle OP. Malgré tout, à voir les gueules des uns et des autres, partageant le café chaud après une nuit qui a éprouvé tous les participants de façon égale, une étrange sensation me saisit. J'ai le sentiment qu'on vient de toucher du doigt, avec le Squad , quelque chose de spécial. Et en me refaisant le film de cette attente patiente et maîtrisée, je retrouve les récits des 22SAS12 qui m'avaient fait rêver il y a quelques mois. Mais voilà on y est ! Nous venons de vivre notre première OP milsim. Merci à Blood, Gas et Mr Bungle pour cette nuit éprouvante partagée sans broncher, posant là les bases de ce qui allait être le Recondo Squad, une putain d'équipe milsim. Link to comment Share on other sites More sharing options...
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